C’est quand on s’y attend le moins…

Publié le par Phil. A. Wyatt L.

Suite à une brève énumération de noms, il en est un qui va retenir son attention à jamais. L’ami prononce l’auguste prénom…

Bouleversé, dans tous les sens du terme.

L’auteur n’en croit pas ses oreilles. Il se demande s’il n’est pas victime de ce phénomène psychosomatique qui est cette envie, inconsciente, d’entendre un mot et qui fait que l’organe – alors sous le joug de l’esprit - déforme la vibration émise, au point de  faire transparaître le son souhaité. Il sollicite, par conséquent, la confirmation à son ami, tout excité par la nouvelle et désorienté en son cœur.

Ce n’est pas une erreur, il s’agit bien d’elle. Comment cela peut-il être possible ? Malgré la certitude des propos de l’ami, l’auteur ne peut y croire, cela ne se peut pas ! Elle, ici, bientôt…

Jusqu’au jour de l’actualisation de l’évènement, courant novembre de sa vingtième année, l’auteur ne se fera pas à l’idée qu’il soit… possible… qu’elle partage très prochainement le même espace géographique que lui.

Contre toute attente, c’est ce qui allait se passer. Le destin suit sa marche, le fil se déroule, la toile se tisse.

Nous y voici.

Vous aussi, lecteurs, vous devenez les témoins de ce qui va se dérouler. Un dilemme se dessine. Je vous l’expose sans plus tarder.

S’il se décide à y croire, il encoure le risque émotionnel – jugé dès lors comme étant catastrophique - de la déception. Or, comment abandonner la raison - qui a toujours guidé son esprit - au profit d’une autre chose qu’il ne peut même pas qualifier ? Pire encore. S’il s’y refuse… les conséquences ne seraient-elles pas d’un dramatique des plus insupportables encore ?

Entre le moment de l’annonce de mon ami et la date de son anniversaire, tel fut le tourment qui occupa son esprit sans jamais le quitter, incapable d’y trouver la lumière salvatrice, tandis que les souvenirs faisaient surface, participant à l’effort de mémoire pour tenter de reconstituer son visage.

Le jour tant attendu - et à la fois tant redouté - se profile enfin à l’horizon. Mieux encore, c’est la nuit qui fait son apparition, sa complice de toujours, porteuse de l’étincelle du clair de lune qui parviendra à rendre lumineuses ces zones d’ombres, dissimulées profondément dans ce cœur agité.

Tout était fait, en apparence seulement, pour que ces deux êtres ne s’aperçoivent pas ce soir-là ; l’une venue de loin, l’autre prédisposé à honorer d’autres occupations pour l’occasion. Pourtant, deux êtres qui doivent se rencontrer, partager quelque chose de particulier ensemble, que rien ne peut séparer, trouveront toujours le moyen de réaliser leurs intentions, bien qu’à l’époque, ils ne connaissaient pas encore celles-ci, loin de se douter de ce qui allait se tramer.

Comment auraient-ils pu savoir ?

L’auteur arrive, en retard, sur les lieux du rendez-vous.

Il n’est pas seul. En effet, il est accompagné de sa petite amie avec laquelle il était depuis plus d’un an, et surtout, avec laquelle il vivait.

Tous ces éléments ont pour but de contribuer à une meilleure compréhension de l’extraordinaire dont était enrobée la situation alors.

Il finit par se décider à entrer dans la salle des fêtes, la peur au ventre, mais il ne faut pas la laisser transparaître à sa partenaire qui lui tient le bras. Il ne sait pas pourquoi, mais l’excitation commence à prendre l’ascendant sur l’appréhension.

Le chemin est long et aventureux pour celui qui ne connaît pas la route.

Perdu dans la masse, ne trouvant sa place parmi la foule, il se noie dans les visages inconnus, se rassure chaque fois qu’il parvient à en identifier un, il ne sait plus où donner de la tête.

Il y a tant de monde, me dis-je en moi-même, tous les âges y sont représentés, il semblerait que toutes les personnes conviées n’ont voulu, sous aucun prétexte, manquer cette soirée et ont tenues à y répondre par leur présence. A en croire mes yeux, elles avaient raison. C’est le plus impressionnant des anniversaires auquel je n’ai jamais eu l’occasion d’assister, surtout pour quelqu’un de la même année que moi.

Soudain, l’imprévisible et pourtant attendu se dresse devant mes yeux. Elle, mais oui c’est bien elle, ici, non loin de moi, proche même… L’auteur la fixe de loin, il ne peut s’empêcher de le faire bien que les questions, tout à coup, l’assaillent. « Va-t-elle me reconnaître ? Se souviendra-t-elle de moi ? Que faire ? La rejoindre et me présenter ? Et si elle ne me reconnaissait pas ? » Est-il seulement capable de surmonter l’angoisse de l’oubli ?

Tant de questions animent son cœur qu’il ne reconnaît plus, il avait fini par oublier jusqu’à son existence, tant il bat sans faiblir d’intensité à ce moment-là.

La peur l’emporte, le courage lui manque, il ne l’approche pas voire s’en éloigne. Il s’assied maintenant de l’autre côté de la salle, loin d’elle. Il réfléchit pourtant, se disant alors que trop de temps s’était écoulé entre la dernière fois où il l’avait vue et cette nuit incroyable qu’il était en train de vivre. Devenir l'acteur de sa vie, une idée étrange et périlleuse, se dit-il en lui-même.

Il brûle de la voir. L’approcher, lui parler coûte que coûte, mais comment ? Il n’est pas seul. Pourquoi est-il venu accompagné ? Il y a une raison à tout ça, ou plutôt, une explication. Tout à coup, une pensée plus inquiétante encore le traversa…

Et si elle se souvenait de moi ?  

Extrait de la nouvelle La rose ou l'Eglantine, chapitre 5, Phil. A. Wyatt L.

Publié dans Nouvelle

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